Une histoire, une passion.

D'Octave Geslain à Pierre Cardin, un lieu chargé d'histoires au coeur du bocage normand. 

"La vie, c'est ce qui vous arrive alors que vous étiez en train de de prévoir autre chose"

Jeanne Moreau

L’histoire

Bienvenue dans notre maison ! Beaumenil fut construit sous le Second Empire, au beau milieu du XIXème siècle. Son haras, toujours en activité, compta dès lors parmi les écuries réputées de l’élevage d’anglo-normands avec le célèbre Rose Lancastre qui participa au succès de la maison dans les années 1900.

Revenons à l’histoire ; Ferdinand Geslain bâtit la maison sur les ruines de l’ancienne Abbaye de Saint-Laurent-de-Beauménil dont les premières traces écrites remontent à l’an 1026.

Soucieux de satisfaire son désir de créer un haras dans le triangle d’or de l’élevage de chevaux, son mariage avec Mademoiselle Fromentin de la Fromentinière, dont les parents habitaient la ferme voisine de la Bayie, va permettre à Ferdinand d’accomplir son rêve : développer un ensemble de bâtis en pierre de Caen érigés autour d’une maison de maître de style néo-classique avec d’un côté des écuries, des logements pour le personnel et tout ce que requiert l’installation d’un élevage performant : une sellerie, des greniers à foin, une infirmerie et de l’autre côté une ferme et ses bâtiments de stockage. Une quarantaine d’hectares d’herbages riches et gras embrassent la propriété délimitée au sud par le ruisseau Vande et au nord par la route de Bursard. C’est son unique fils Octave, né en 1847 qui développera le haras jusqu’à son décès accidentel en 1910.

La disparition soudaine d’Octave Geslain aboutira à la mise en location de Beaumenil au célèbre entraîneur/ driver Valentino Capovilla qui fera du haras une tête de pont de l’élevage de trotteurs. Une piste de trot y sera même construite pour l’entraînement des cracks !

Les héritiers vendront la propriété en 1959.

Chargée d’histoire, la maison fut en 1960, la propriété du couturier Pierre Cardin qui la transforma en palais vénitien et y passa de beaux moments en compagnie de Jeanne Moreau jusqu’en 1971.

Reprise par des passionnés du patrimoine, Beaumenil incarne depuis un lieu de vie chaleureux et moderne, empreint de souvenirs et de sérénité.

L’histoire d’Uranie, une jument légendaire

Parmi les chevaux nés ou élevés à Beaumenil, la plus célèbre demeure Uranie, une jument pur-sang née au début du XXe siècle, qui marqua l’histoire des courses françaises.

Uranie fut une véritable championne de trot. Entrainée par Valentino Capovilla sur la piste de Beaumenil, elle remporta plusieurs grandes courses classiques, en France et en Europe. Sa carrière impressionnante (trois victoires au Prix d’Amérique) lui valut une notoriété internationale et elle devint l’une des poulinières les plus influentes de son époque, transmettant son excellence à de nombreuses lignées proches d’Uranie qui remporteront quatorze Prix d’Amérique.

Son esprit noble et sa puissance naturelle continuent d’inspirer les éleveurs du domaine aujourd’hui. Le Haras de Beaumenil est fier de perpétuer la mémoire de cette jument exceptionnelle même si des galopeurs ont remplacé depuis les légendaires trotteurs. Les paddocks qui entourent la propriété voient s’ébrouer les yearlings au printemps naissant lorsque d’autres plus paisibles accueillent les juments en gestation.

Image : Uranie le 22 janvier 1928, le jour de sa troisième victoire au Prix d'Amérique.

Pierre Cardin et Jeanne Moreau à Beauménil

Pierre Cardin acheta le domaine en 1960. À quelques encablures de Paris, le jeune couturier italien, tout juste naturalisé français, avait déjà décelé en Beaumenil les qualités de la maison idéale ! Son architecture néo-classique emporta sa décision très rapide d’acheter la propriété.

Heureux nouvel habitant d’une maison qui avait été abîmée par le temps et délaissée par son propriétaire originel mort en 1910 et dont les ayants droits l’avaient mise en location à Valentino Capovilla, célèbre entraîneur-driver italien. Pierre Cardin, originaire de Vénétie, imagina dans cette maison construite en pierre de Caen un palais vénitien ! En Normandie ! C’était osé !

En peu de temps donc un dallage en marbre de Carrare et son chauffage au sol furent posés, des arches remplacèrent les double-portes de réception trop classiques, les deux toitures des chambres de service furent supprimées pour faire place à deux majestueuses terrasses de 50m2. La magie opéra ! Bienvenue en Italie a tutti ! Venise-sur-Orne était là ! Sous vos yeux !

En ce début des années 60, la carrière de Pierre Cardin connaît un véritable succès ! Le couturier est amoureux d’une jeune et belle actrice : Jeanne Moreau qui triomphe alors avec le film Jules et Jim de François Truffaut. Les amoureux vivront leur passion à Beaumenil, loin du tumulte parisien. Au village de Saint-Gervais-du-Perron on se souvient des dimanches matins où les deux tourtereaux accompagnés de Voyou, le petit chien blanc de Mademoiselle Moreau, venaient acheter du pain et les fameuses brioches de chez Chartier dans la rue principale. Le bonheur semble parfait ! Les deux parisiens y passeront tous leurs week-ends. La comédienne imagine créer un théâtre dans les greniers du haras pendant que Cardin dessine frénétiquement et s’inspire sans relâche pour sortir ses collections.

Mais la belle histoire s’arrête ; Pierre Cardin souhaite avoir un enfant avec Jeanne Moreau, malheureusement un cancer de l’utérus empêchera ce doux projet. Les deux amoureux reprennent chacun un chemin de vie différent mais resteront très proches jusqu’au bout, menant une carrière réussie dans leurs arts respectifs. Pierre Cardin vendra Beaumenil en 1971 pour imaginer le Palais Bulles en 1975 à Théoule-sur-mer.

Pierre Cardin et Jeanne Moreau en juin 1962. - © Keystone-France/Gamma-Keystone via Getty Images